L’écriture par Emma Acribologue

Le métier de rédactrice web parait souvent très technique, pour ne pas dire ennuyeux. Pourtant, j’adore lire les posts, la newsletter et les conseils d’Emma. Comment fait-elle pour nous intéresser à ce métier ? Quel est son rapport aux mots et le sens de son travail au quotidien ? Elle vous en parle ici à coeur ouvert et bien mieux que moi.

Qui es-tu ? Et quelle est ton activité professionnelle ?

Je suis Emma, Acribologue du web ! Enfin ça, c’est le nom de mon entreprise.

Je suis plus spécifiquement rédactrice SEO. Dit comme ça, c’est pas très sexy. Tout ça pour dire que j’écris pour les entreprises qui ont du cran, celles qui osent faire les choses différemment et le montrer. Mon objectif ? Qu’elles deviennent mémorables et surtout visibles sur Google.

Peux-tu nous en dire plus sur ta relation personnelle avec l’écriture au fil du temps ?

Vaste question ! 

J’ai toujours adoré écrire, je suis un vrai cliché de littéraire : un Bac L en poche avec 20/20 à l’épreuve de français, une pile à lire absolument monstrueuse et des études en fac de lettres, en histoire de l’art et en études de genre. J’adore lire, écrire, chercher des informations, creuser et mettre tout ça à plat en choisissant le terme le plus précis possible, qui retranscrit exactement les émotions, les sensations, l’atmosphère.

Je suis complètement fascinée par une chose dans l’écriture : la capacité que chaque personne a de manier les mots et d’en faire quelque chose de différent à chaque fois. Tout le monde possède plus ou moins le même vocabulaire, mais c’est la manière dont il s’agence, que les mots s’entrechoquent et se répondent qui font que la sonorité, le message et la proximité sont totalement différents. 

Ça, c’est vraiment quelque chose qui m’obsède. J’adore chercher la petite lettre qui fait qu’un message peut basculer, connecter mais aussi jouer sur l’humour et la connivence. C’est d’ailleurs pour ça que j’écoute beaucoup de rap français poétique et que je rêve d’en écrire (un jour peut-être !). 

J’ai commencé à écrire pour des magazines d’art à 18 ans et avant de le faire professionnellement pour les entreprises, j’écrivais beaucoup dans mes instants libres. Surtout pour mettre à plat mes émotions, apaiser mes questionnements (le cliché de la littéraire torturée comme je disais !) et dérouler mes réflexions. Sans jamais mettre de côté la sonorité des mots et cette écriture qui vient un peu des tripes, du cœur et du corps. 

Quelles étapes t’ont menée à ta pratique actuelle ?

Aujourd’hui, j’écris principalement dans un cadre professionnel. Je rédige tous les jours des articles de blog, des newsletters et des sites internet pour une clientèle créative et colorée. À la sortie de mes études, je cherchais à combiner la liberté et l’écriture. La rédaction web me semblait être le meilleur moyen d’y parvenir. Parfois je suis obligée de me pincer pour croire que je gagne ma vie en écrivant tous les jours ! 

Par contre, cela me laisse donc peu de temps et de jus créatif pour ma propre rédaction plus fictionnelle et créative. C’est vrai que parfois c’est un peu frustrant, et même si depuis un an j’anime des ateliers d’écriture dans la librairie proche de mon village, j’ai encore du mal à donner plus d’espace et de temps à mes propres mots. Alors en attendant, je lis beaucoup et je m’inspire de ceux des autres.

Selon toi, que peut apporter l’écriture aux personnes que tu accompagnes ? Ou à la société en général ?

C’est une question vraiment très intéressante et je pense que je pourrais en parler pendant des heures ! Mais, si je ne devais garder qu’une seule chose, je dirais que l’écriture, et plus précisément les mots, fait que les choses existent. Tout simplement.

Sans terme précis, pas d’existence, pas de tangibilité ou de prise de conscience. Nommer, c’est donner une forme et une place aux choses, aux concepts, aux personnes. 

Pour les personnes que j’accompagne, et plus précisément les entreprises pour qui j’écris, je pense que la rédaction a un tout autre rôle : celui de clarifier un message, une ambition et une envie de faire les choses autrement, sans se conformer ou rentrer nécessairement dans une case. Bien évidemment, derrière il y a un objectif marketing et de vente, mais je pense (j’espère !) que ma casquette de littéraire donne un nouveau souffle à cette écriture parfois figée et vidée de sa substance. L’écriture devient le moyen de mettre sur le devant de la scène la personnalité de son entreprise, ses facettes et ses touches d’humour. Tout en respectant les attentes de Google pour gagner en visibilité sur les moteurs de recherche.

Quel est le meilleur conseil d’écriture que tu aies entendu ?

« Sabre tes phrases ! »

C’est ce que ma directrice de recherche, lors de mon Master à Lyon, me disait souvent. Et c’est d’autant plus vrai pour la rédaction en ligne. 

Personne n’a le temps. Ni de lire des textes trop alambiqués, ni de lire des mots qui ne captivent pas dès les premières lignes. La concision va de pair avec le ciselé car il est plus difficile de retranscrire certaines choses dans des phrases courtes. Il faut d’autant plus faire preuve de précision pour choisir ses mots et mettre le doigt sur ce que l’on souhaite dire et partager.

Pour finir, si tu devais te définir en 3 mots, un mot en A, un mot en B et un mot en C, quels seraient-ils ?

Acribologue ! Parce que j’aime choisir les mots avec méticulosité et m’en amuser. Ce terme retranscrit à la perfection mon amour pour ces derniers.

Boulimique des livres. S’il y a bien un endroit où je craque toujours mon PEL, c’est quand je rentre dans une librairie. Impossible pour moi d’en ressortir avec les mains vides !

Créative. Mais j’estime que se définir en tant que telle, c’est ne pas l’incarner. Alors, je dirais plutôt : colorée et chatoyante. 

Où peut-on en lire plus sur toi ?

Sur mon site : acribologueduweb.fr et dans ma newsletter Intrinsèques où je mets la créativité, les mots et le SEO au centre de mes textes sans jamais tomber (enfin je l’espère !) dans du marketing bullshit où l’on ne comprend pas un mot sur deux. Pour les entreprises B2B disruptives qui font des call ASAP pour benchmarker, faudra repasser. Oups.